Ce polyptyque est la quatrième version d’un travail sur Pierre Kast et Claude-Nicolas Ledoux1. Son sujet est le lien entre le cinéaste de la Nouvelle Vague Pierre Kast et l’architecte des Salines d’Arc et Senans, Claude-Nicolas Ledoux.
Pierre Kast, cinéaste hélas un peu oublié de la Nouvelle Vague, a réalisé deux films autour des Salines d’Arc-et-Senans, construites par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux : un premier documentaire, en 1954, L’Architecte maudit : Claude-Nicolas Ledoux et un film de fiction, La Morte Saison des Amours sorti en 1961, l’année de ma naissance.
Les films de Pierre Kast sont difficiles à voir. Je ne les ai d’ailleurs pas encore tous vus. Je me souviens de la diffusion de quelques uns de ses films à la télévision, probablement à la fin des années 70, qui me permit de voir Les Soleils de l’Île de Pâques et Vacances Portugaises. Plus tard, à la Cinémathèque du Palais de Chaillot, j’en vis d’autres, des documentaires, comme celui de 1968, Macumba sur le Candomblé brésilien.
Il y a une poésie de l’utopie dans ses films dont une certaine maladresse augmente encore le charme.
Pendant que je réalisais cette dernière version du polyptyque, Jean-Luc Godard est mort et j’ai repensé à une scène de son film Une Femme mariée (1964), où Macha Méril demande à son amant de la déposer au nouveau magasin du Printemps à la Nation. C’est à côté de ce magasin que se trouvent les barrières de l’octroi, construites par Claude-Nicolas Ledoux en 1787. Dans la scène, Macha Méril traverse le magasin, depuis le Cours de Vincennes jusque’à la rue de Lagny afin d’échapper à la méfiance de son amant. Quand j’ai vu la scène, j’ai été frappé de voir les grandes allées séparant les stands, telles qu’elles étaient dans mes souvenirs. Je me souviens aussi de détails que l’on ne voit pas dans le film noir et blanc : les rampes en caoutchouc des escalators étaient alors vert amande.
J’ai passé presque toute ma vie à Vincennes et je me souviens qu’à l’ouverture du Printemps, en 1964, l’année de sortie du film, et cela a peut-être duré quelques années puisque je m’en souviens, il existait une navette de bus gratuits que l’on pouvait prendre depuis la station de bus à l’orée du bois de Vincennes jusqu’au grand magasin. Ces bus étaient encore du modèle avec une plateforme arrière par laquelle on entrait, avec un employé qui faisait tinter une cloche pour signaler au conducteur que les passagers étaient tous bien montés.
Comme je le fais habituellement, j’ai, au cours des années, réuni des documents évoquant ces personnes, ces oeuvres, ces lieux.
Panneaux formant le polyptyque:
Jean Luc Godard filmant le 14 mai 1968 (56 X 73 cm)
Photogramme du film de Godard Une Femme mariée (26,5 X 45 cm)
Photogramme du film de Godard Une Femme mariée (26,5 X 45 cm)
Carte géographique des Salines d’Arc-et-Senans (26,5 X 26,5 cm)
Carte géographique de la place de la Nation (26,5 X 26,5 cm)
nom J-L Godard (16,5 X 25 cm)
nom C-N Ledoux (16,5 X 25 cm)
nom P. Kast (16,5 X 25 cm)
Claude Nicolas Ledoux et sa fille Adélaïde c. 1775, le tableau se trouve au Musée Carnavalet à Paris (56 X 47 cm)
J-L Godard, J. Rivette et Pierre Kast (la photographie originale de Jean-Pierre Rey présente “le Comité provisoire de défense de la Cinémathèque Française en Février 1968” : Me Kiejman, C. Chabrol, P. Kast, J. Rivette, J.L. Godard, J. Renoir, J. Rouch et L. Daquin (19,5 X 47 cm)
citation de J-L Godard de son film Le Livre d’image (33,5 X 47 cm)
Bâtiment des Salines d’Arc & Senans (38 X 38 cm)
Bâtiment des barrières de l’octroi de C-N Ledoux (38 X 38 cm)
Citation tirée du livre de Pierre Boiron, Pierre Kast, Lherminier, 1985 (15 X 79 cm)
Pierre Kast filmant (56 X 73 cm)
Une première version, de grand format (dans mon souvenir, trois panneaux d’environ 110 X110 cm, 1992) qui avait été exposée au Salon de Montrouge (photographie dans le catalogue 1993) a été détruite. Une petite version (comprenant cinq panneaux, environ 40 X 50 cm, c. 1996) a été perdue. De la troisième version (cinq panneaux, 2011) seul le panneau présentant Pierre Kast tenant une camera a été conservé pour cette quatrième version. ↩︎